FINAL CUT PRO 7 rend son tablier

Le célèbre logiciel de la marque Apple dans sa 7ème version prendra sa retraite en fin d’année.
Dans sa villa de Beverly Hills, au numéro 2729 de la Benedict Canyon Drive, le célèbre logiciel de la marque Apple organise une conférence de presse afin d’annoncer sa retraite pour la fin d’année. So Flim y était, bien entendu, invité.
Rencontre. « Il était temps pour moi de m’arrêter et de laisser la place aux jeunes » nous raconte Final Cut Pro 7. L’auteur de centaines de montages cinéma et de milliers de clips, revient sur sa carrière dans son incroyable salle de récompenses (Oscars, Césars, Bafta, …)
Vous avez commencé en 2009 et êtes toujours d’actualité en 2016. C’est extraordinaire pour une version de logiciel de rester aussi longtemps dans la course.
Ce que vous me dites là ne me rajeunit pas. Je ne compte pas les années ni même les projets. Je pense avoir apporté beaucoup au paysage audiovisuel mondial. Apple a su me former dans une énergie de montage rapide et efficace. À l’époque nous étions toute une équipe avec Compressor (Logiciel dédié à la conversion de fichiers vidéos, ndlr) et Motion (Logiciel de traitement d’images et d’effets visuels, ndlr) entre autre. Ces derniers ont vite été doublés par la concurrence comme Media Encoder, Mpeg Streamclip ou After Effects. Nous les avions vu venir mais Mot’ et Comp’ se sont éclipsés face aux indépendants et au puissant développement d’Adobe.
Vous entretenez de bon rapport avec vos semblables issus d’Adobe.
Premiere CC est un ami. Tout comme l’était Premiere CS6. Nous nous comprenions et n’hésitions pas à faire tourner les projets. Lorsqu’un film était trop dur à gérer pour moi, Premiere s’en chargeait. Je l’ai un peu aidé dans sa professionnalisation en quelque sorte à une époque où il ne faisait que de l’institutionnel mais un jour je l’ai senti prêt à travailler pour le long métrage. Je n’ai pas pu faire Inside Lllewyn Davis des Frères Coen en 2012 car je travaillais avec Quentin Dupieux sur son dernier film. Joel et Ethan m’ont demandé qui pourrait assurer le montage de leur film et je leur ai tout de suite conseillé de tester Premiere. Et depuis c’est le grand amour.
Racontez nous votre rencontre avec les frères Coen.
Je me souviens quand Joel et Ethan sont venus me voir pour la première fois, je n’étais pas encore dans ma version numéro 7. Je sortais d’un montage chez Universal et nous avons pris un café au restaurant du studio. Ils ont tout de suite été séduits par ma simplicité. Lorsque je m’ouvre à eux dans le travail, les choses vont très vite et le montage n’a jamais été aussi facile. Ils avaient eu une mauvaise expérience avec mon collègue Media Comp’ (Media Composer, logiciel de montage de la société Avid, ndlr). Non pas qu’il soit moins compétent mais il s’agit d’une tout autre logique de travail. Media Comp’ est issu du montage traditionnel argentique, de l’assemblage. Il parle donc très facilement aux monteurs de cinéma qui avaient l’habitude de travailler le film directement. Avec moi, ce n’est pas du tout la même chose. Le déplacement sur la timeline se fait à vitesse grand V. Et c’est pourquoi j’ai tout de suite travaillé par la suite dans le domaine du clip et de la publicité. J’adore me diversifier.
Vous acceptez des projets gratuits aussi ?
Je fais ce métier par passion. C’est simple mais si une personne vient me voir avec un beau projet, une belle histoire, je ne vois pas pourquoi je dirais non. Je reste assez facile à joindre et m’installe très rapidement chez quelqu’un pour travailler avec lui. De plus, j’ai cette chance de ne pas être trop encombrant comme peuvent l’être mes collègues d’Avid. Je suis reste assez light malgré les années…
Ce n’est pas le cas de votre successeur Final Cut Pro X sorti en 2011.
Je ne m’étendrai pas sur le sujet. Pour moi, et c’est sur ce sujet que nos avis divergeaient avec Steve Jobs, il ne fallait pas quitter le domaine professionnel et faire de notre travail une station de montage pour la famille ou pour Ipad. Imovie s’en chargeait très bien. Les habitués n’ont pas compris ce changement. Steve et moi avons dû arrêter de travailler ensemble à ce moment là. Ils ont donc recruté ce Final Cut Pro X avec qui je n’ai jamais eu aucun rapport. Ainsi, les monteurs exigeants ont su me trouver sur des plateformes pirates où j’ai erré pendant des années. Je n’étais plus le logiciel phare d’Apple. J’ai gardé mon réseau bien entendu mais tout porte à croire que lorsque je rendrai mon tablier, les monteurs exigeants se tourneront vers mes collègues d’Adobe.
On sent de la tristesse dans les yeux de Final Cut Pro 7 au cours de cette conférence mais c’est une standing ovation de la part des journalistes et invités présents redonnera le sourire à ce logiciel qui a apporté tellement au cinéma. L’Academy des Oscars a décidé de lui remettre une statuette d’honneur au cours de la prochaine cérémonie en février 2017. « Un trophée qui aura du mal à trouver sa place au sein de cette collection déjà bien encombrante » ajoute avec ironie le logiciel.