Stéphane, réalisateur de métier, régisseur de passion

Stéphane est réalisateur. Il exerce ce métier depuis 10 ans déjà, réalisant environ deux films par an. Mais ce travail lui permet surtout de « faire ses heures » et de vivre confortablement, dans une petite ville à l’écart de Paris , où il élève ses trois enfants avec son épouse, productrice.
Sa vraie passion, il la pratique lorsqu’il ne tourne pas ses films et lorsque ses obligations familiales le lui permettent. Régisseur adjoint sur des courts métrages, Stéphane se « fait la main » et apprend à maîtriser un métier qu’il espère exercer un jour. Mais les places sont chères : « on est tellement nombreux… »
Cette semaine, Stéphane tourne un court-métrage qu’il a auto-produit, avec l’aide de futurs spectateurs (souvent des amis ou la famille) via une plateforme de financement participatif. Il y travaille comme régisseur adjoint, et, malgré toutes les difficultés qu’il rencontre, il se sent dans son élément.
Bien sûr, cela demande des sacrifices : financiers, puisque Stéphane produit le film , mais aussi pratiques, avec des horaires lourds, et un travail difficile. Il a fallu sacrifier des vacances…
Lorsqu’il a voulu commencer sa carrière de régisseur, Stéphane a dû réaliser lui-même un court métrage pour y prendre le poste qu’il souhaitait. Mais le film a pâti de cette double casquette et fut loupé.
Depuis, il a trouvé une équipe: ici, chacun et chacune est à un poste qu’il aimerait pratiquer en professionnel. On apprend ensemble, des erreurs et des réussites de chacun. L’année dernière, cette équipe a vu le court-métrage réalisé dans les même conditions primé au festival de court-métrages de Pantin. Alors on réitère, on reforme l’équipe en essayant cette fois d’aller plus loin.
On essaye d’encadrer un peu plus les heures de tournages, et les conditions difficiles. « C’est vrai que l’année passée, on a eu quelques problèmes. On a fait plusieurs journées de 7h à 3h du matin , et puis il y a eu des cafouillis au niveau de la nourriture. On n’avait pas le budget pour les repas et la pause dej ne fut constituée que de chips et coca. Ça a un peu râlé au niveau de l’équipe, alors cette fois on a chacun amené une salade ou une quiche« .
Évidemment, le but de Stéphane est maintenant de faire un long métrage à la régie mais il sait que ce sera compliqué, que le cinéma est un milieu qui colle des étiquettes aux personnes. Difficile de se présenter comme venant d’un autre corps de métier… « Quand on vient de la mise en scène, on est catégorisé « mise en scène », comme si on était incapable de faire des sandwichs, bons qu’à diriger des comédiens. Le plus facile pour moi , ce serait que Cédric [le réalisateur du court métrage, ndlr] réalise un long avec la même équipe ! Ça me lancerait dans la cour des grands ! »
En attendant le long métrage, toute l’équipe se donne à fond pour faire vivre ce petit court-métrage, en vivant chacun sa vraie passion.