Votre maison a du cachet ? Elle pourra bientôt compter dans le calcul de vos droits
À l’initiative de Stéphane Bern, le gouvernement a introduit un amendement de dernière minute dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale. L’objectif : inciter les intermittents à participer à la protection du patrimoine en transformant le cachet de leur habitation en heures d’intermittence. Les plus belles maisons pourront même être mises à l’honneur dans l’émission « Du côté de chez vous ».
Du pain et des jeux : Stéphane Bern ferait un bon empereur romain, lui qui, après avoir instauré le loto du patrimoine, double la mise en incitant les intermittents du cinéma, privilégiés bien connus de la société française, à gagner un peu mieux leur croûte en en restaurant des vieilles.
Pour Henri Daile, chef décorateur de cinéma depuis trente ans, la mesure est inespérée : voici dix ans qu’il retape un petit manoir dans la Somme. « Une modeste maison de campagne », corrige-t-il vivement en ouvrant son frigo orné de magnets aux couleurs du syndicat auquel il adhère depuis ses débuts. « J’ai longtemps travaillé dans la réclame, cela m’a permis de m’installer ici, au vert ». La rénovation, nous raconte-t-il, il l’a menée lui-même de bout en bout toutes ces années, et le chantier n’est pas terminé : une dépendance reste à aménager en dortoir et salle de jeux pour ses petits-enfants à venir.
Quand il a entendu parler de la proposition de Stéphane Bern, Henri a candidaté tout de suite. Le processus s’appuie sur une solide expérience, puisque ce sont les experts de l’émission « Du côté de chez vous », diffusée depuis 1997, qui seront mandatés par Pôle Emploi pour évaluer le cachet des maisons candidates et les convertir en nombre d’heures d’intermittence. « Il paraît que les plus belles maisons seront aussi à l’honneur dans l’émission ! Pour une fois que mes parents pourront me voir à la télé… » La récompense est double pour Henri, et tant d’autres qui, comme lui, ont le goût de la belle pierre et des revenus suffisants pour éponger l’ardoise que de tels travaux représentent.
Au moment de quitter cette maison de campagne qui, décidément, ressemble fortement à un manoir, on s’étonne d’ailleurs de l’activité autour de la dépendance en travaux : un camion TSF garé devant, plusieurs jeunes hippies s’affairent à décharger des matériaux. Henri nous rassure : ce sont quelques membres de son équipe de construction qui viennent ici faire un peu de prépa pour son prochain projet. Voilà qui saura tordre le cou à l’idée que les propriétaires ne savent pas ouvrir leurs portes en grand à la prochaine génération.